« Insurrectionnelle » : introduction à l’art d’aimer, art de résister
On 13 juillet 2016 by rachidouadah
La plasticienne et cinéaste Amina Zoubir, que nous avions rencontré à l’occasion du webdoc Un été à Alger, présente sa première exposition individuelle du 25 juin jusqu’au 17 juillet sur invitation de l’espace d’art contemporain Résidence 87 à Paris.
Cette fois-ci, l’artiste montre une vidéo et plusieurs œuvres sur papier, néon et photographie, avec toujours autant d’images et d’idées en mouvement, de va-et-vient entre les deux. Il y a d’abord ce néon qui attrape l’oeil par deux fois par sa brillance et par son lettrage : est-ce de l’Arabe ou de l’Hébreu ? C’est le mot hébreu «Hava » qui se termine par une lettre qui ressemble comme une sœur à la lettre arabe «Ha » qui commence le mot « Houb » du ledit amour arabe. «Tout commence par l’amour » bien sûr. Et tout pourrait recommencer par l’amour en réponse à la guerre aveugle menée dans un ailleurs si lointain mais si proche, d’où cette invitation à la (R)évolution par l’érotisme, la sensualité des corps meurtris par tant de violence illustrée dans les dessins proposés par l’artiste. L’art d’aimer pour contrer la guerre – des esprits et des idées.
Les Plaisirs à envoyer par la poste sont des cartes postales en papier, présentées comme dans une boutique ou une librairie, et brodées en leur centre de mots coquins se liant à l’érotisme des corps sexuels pour désamorcer « l’auto-censure typique des Maghrébins ». Ces adjectifs qui pourraient passer comme une lettre à la poste sont issus d’un manuel d’érotisme arabe du Kamasûtra. Ces mots délicieux sont évoqués du livre La Prairie Parfumée du poète tunisien Cheikh Nefzaoui (1420).
Sorte de note discordante, il y a aussi cette vidéo, comme écartée, intitulée Interdit d’Uriner ici. Cette incongruité dans l’exposition prolonge le travail déjà avancé dans Prends ta place (Un été à Alger) qui évoquait un privilège masculin : dominer l’espace public. Cette très courte performance (50 secondes) spécifiquement masculine, nous en montre un autre, celui de pouvoir se soulager partout, en position debout, sans se donner l’idée de heurter les autres.
Une proposition d’exposition d’oeuvres audacieuses, manière de s’instruire au désir, à voir jusqu’au 17 juillet 2016 à l’espace Résidence 87 à Paris.
www.residence87.com – 87 avenue Secrétan, 75019 Paris.