Un nanar japonais culte refait surface dans un documentaire australien. Sauf qu’il n’a jamais existé.
Qui n’est jamais tombé par hasard sur une VHS un peu bizarre – du temps du magnétoscope ? Qui ne connaît pas Top Knot Detective et ses répliques cultes ? Rappelez-vous de Takashi Takamoto, l’acteur-scénariste-producteur complètement barré ?! On a tous vu un épisode de Top Knot Detective quand on était petit, pas vrai ? Faux. Top Knot Detective joue sur la mémoire faillible du spectateur, un peu geek et collectionneur, pour distiller un doute : cette série de genre samouraï, ringarde et à l’audience limitée à l’archipel nippon, a-t-elle vraiment existé ? L’illusion est parfaite. Les documentaristes nous emmènent dans les années 80 et 90 à la rencontre d’une personnalité hors-norme, le « Shakespeare » du film de samuraïs, à l’origine de cette vraie-fausse série. Voici donc l’ascension et la chute d’un démiurge du petit écran japonais – qui n’a jamais existé. Les auteurs australiens ont eu assez de talent pour falsifier ce documentaire riche en preuves (cf. les photos “d’époque”).
Entre le cinéma d’Ozploitation et une obscure culture underground japonaise déjà recyclée par Tarantino dans Kill Bill, il y a donc ce Top Knot Detective. Plutôt que de verser dans le vrai-faux nanar-hommage façon Grindhouse, Machete, ou Iron Sky 2 et, les réalisateurs ont construit un mythe de toutes pièces en s’appropriant les codes de la culture pop japonaise, d’où des moments étranges comme cette publicité pour des cigarettes, une scène de suicide rituel d’un enfant, ou encore, coup de génie, la “question waf-waf”. Dans notre monde où le président des Etats-Unis expose ses humeurs via Twitter, il ne serait pas incongru de voir un jour débarquer Top Knot Detective sous la forme d’une websérie, tel qu’il fut pensé au départ, par des australiens.
Top Knot Detective. Aaron McCann, Dominic Pearce. Australie-Japon, 2017.