Un Français a perdu la moitié de ses salles parce que les exploitants ont peur du sujet du film.
En même temps que l’annulation de ses avant-premières du 2 juin, le nombre de salles qui avaient prévu de projeter le film est passé de 100 à moins de 50. Diastème explique sur son blog que son film est « quasiment mort-né« . Le co-auteur de Coluche, l’histoire d’un mec et réalisateur de Le bruit des gens autour s’emporte contre l’hypocrisie qui a fait dire à tous « Je suis Charlie » mais impose aussi de tourner 7 fois la langue dans la bouche avant de se prononcer sur certains sujets, voire de ne pas se prononcer du tout. « Alors qu’on n’arrête pas de me dire, depuis que les premières projections ont eu lieu, que c’est un film « important », un film « nécessaire », un film « que les gens doivent aller voir », « surtout ici et maintenant », un film avec « un sujet que personne n’a jamais traité », un film avec une « actualité » et un « engagement » » peste-t-il. Quel sujet peut-être à la fois « nécessaire » au point de s’en passer ? Il suffit de regarder la bande-annonce pour comprendre à la fois cette nécessité, et le manque de courage des exploitants. Un Français est la promesse d’une belle histoire de rédemption. Le parcours finalement presque banal d’un jeune français, 25 ans de sa vie, dont la moitié passée dans un groupuscule d’extrême-droite.
La peur d’avoir à gérer des incidents pendant l’exploitation du film, la peur de déplaire à un certain public peut-être même à plusieurs, sont à l’origine de ce désistement exceptionnel, en fait un acte d’auto-censure d’une bravoure historique. A moins que les exploitants préfèrent tout simplement laisser plus de place à Jurassic World à sortir le même jour, le 10 juin. Ce dernier blockbuster, ô combien nécessaire, engagé et en phase avec l’actualité, devrait mettre tous les spectateurs d’accord puisqu’on y voit des dinosaures, et notre Omar Sy national. Et en ces temps troublés où le pays se cherche, c’est ça qu’il faut donner aux gens, de l’espoir, des raptors, en finir avec l’auto-flagellation mise-en-scène par Diastème, stop à l’auto-french « bashing ». Quoi de mieux, alors, que de leur offrir l’image d’un français moyen qui réussit à l’étranger.