Wrong Cops : police partout, sens nulle part

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Le seul représentant français de l’absurde au cinéma signe un nouveau film, déconseillé au spectateur en quête de sens.

Duke (inquiétant Mark Burnham) est un officier de police marron : pendant ses heures de services il vend de l’herbe dissimulée dans des rats morts, moyen discret d’écouler la marchandise. Son équipier, le borgne Rough (Eric Judor) passe son temps à composer de la musique électronique de basse qualité dans l’espoir d’être produit par l’industrie. Jusqu’ici tout va de travers. Wrong Cops est inracontable. La trame est vague et les personnages ont des comportements psychotiques. Ce manque de logique est très frustrant, même si depuis Rubber (l’histoire d’un pneu télépathe et amoureux) le spectateur est prévenu sur ce qu’il doit attendre : « no reason », soit au choix pas de raisonnement, pas de logique, ou pas de sens. Quand on pense que la principale raison d’être de l’être humain c’est de produire du sens, on se dit que le travail de Quentin Dupieux tient de l’inhumain. C’en est presque scandaleux car contrairement à ses précédents films, celui-ci déçoit une attente minimale de sens. Le film est véritablement à l’image de la musique électro que l’auteur-réalisateur compose depuis la fin des années 90 sous le pseudonyme de Mr. Oizo. Déstructuré, syncopé, bizarre.

Si Wrong Cops ressemble à une comédie policière c’est par hasard. Un prétexte pour essayer de faire rire, comme le film lui-même est un prétexte à faire des images là où un disque suffisait. Pourtant, sans Quentin Dupieux, il manquerait quelque chose au cinéma français. D’ailleurs, il manque au cinéma français. Depuis son second long-métrage, Steak (2007), il tourne au Canada ou aux Etats-Unis. Quel producteur, quelle institution, serait capable en France d’investir dans ses pitchs surréalistes ? Dans une industrie/artisanat dominés par les lois du scénario, un tel personnage est comme une brise de printemps soufflant sur la rigueur de l’hiver austral. Ce n’est pas une raison pour pardonner le narcissisme dans lequel se complaît le réalisateur. Le film le dit avec son titre : les flics ne sont pas « mauvais » au sens strict du terme, ils sont faux. Le réalisateur s’est trompé de film peut-être, et peut-être le spectateur aura l’impression (délicieuse ou pas) de s’être trompé de salle comme on se perd dans une ville connue. Wrong Cops a la mérite de nous rappeler qu’il existe bien trois types de films : ceux qui ne laissent aucune trace après visionnage, et ceux qui laissent des impressions longtemps après. 

Wrong Cops de Quentin Dupieux, avec Mark Burnham, Eric Judor, Marylin Manson, Arden Myrin. Etats-Unis, 2013. Sortie française : 19 mars 2014.


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