Un détenu violent et asocial va trouver une forme de rédemption dans sa relation avec un mustang, un cheval aussi sauvage que lui.
Traiter la violence intérieure des détenus et envisager la réinsertion par le dressage de chevaux sauvages : on dirait une utopie mais c’est pourtant un programme qui existe dans un centre pénitentiaire du Nevada. Matthias Schoenaerts joue un détenu brisé par l’existence et la prison. Il peine à renouer une relation avec sa fille, dont il a tué la mère, ce qui n’est pas rien. On lui “offre” une seconde chance en participant au dressage de mustangs, ces chevaux sauvages qui enflamment l’imaginaire cinématographique. Trop de violence en lui, trop autour de lui aussi : il n’y arrive pas, pas tout de suite. Mais comme dans tout film noir qui se respecte, les personnages pour lesquels ont ressent de l’empathie sont pris dans un engrenage qui menace de les broyer ou de les affranchir – du moins intérieurement.
Encore un film américain tournée par une Française. Laure de Clermont-Tonnerre a trouvé son sujet toute seule, sur la couverture d’un magazine à Los Angeles, et a commencé à se documenter sur ce centre pénitentiaire unique où les détenus apaisent leurs pulsions et leurs colères au contact de mustangs qu’il leur incombe de dresser. Soutenue par les ateliers Sundance (le festival de cinéma indépendant) et conseillée par Robert Redford (créateur de Sundance) devenu son producteur exécutif, Clermont-Tonnerre aboutit à un script allégé de ses intrigues secondaires et des bons sentiments (envers l’enfant, envers l’animal). A priori tourné avec des comédiens professionnels (comme Bruce Dern, devenu incontournable au cinéma ces dernières années) et d’anciens détenus, Nevada respire cette singularité qu’on avait déjà vu avec le Galveston de Mélanie Laurent : un film américain avec le regard européen d’un auteur, qui plus est, une autrice-réalisatrice.
Nevada. Scénario de Mona Fastvold, Brock Norman Brock, Laure de Clermont-Tonnerre. Réalisation : Laure de Clermont-Tonnerre. Etats-Unis, 2019.