Paris et Omar Sy rendent hommage à Chocolat le « clown nègre »
On 22 janvier 2016 by rachidouadahFigure oubliée de l’Histoire, Rafael Padilla a été le premier artiste noir à se produire en France. Il possède désormais à Paris une plaque à son nom, grâce à Omar Sy.
« Le 3 février sortira en salle, le biopic Chocolat mis en scène par Roschdy Zem, avec Omar Sy dans le rôle principal. C’est en présence de l’acteur, du réalisateur et des descendants des deux clowns « Chocolat et Foottit » qu’Anne Hidalgo, Maire de Paris a rendu hommage à Rafael Padilla, premier artiste noir de la scène française d’origine cubaine qui se faisait appeler « Le Clown Chocolat ».
Lors de cette cérémonie, une plaque à sa mémoire a été dévoilée mercredi 20 janvier sur la façade du 251 rue Saint-Honoré, où s’élevait autrefois le Nouveau Cirque où le duo a connu le succès. Le texte de la plaque commémorative en hommage à Rafael Padilla dit le « clown Chocolat » est le suivant: « Ici, au nouveau cirque Rafael Padilla dit le « Clown Chocolat »(vers 1868-1917), né esclave à Cuba, et Georges Foottit (1864-1921) ont inventé la comédie clownesque associant le Clown Blanc et l’Auguste« .
Rafael Padilla dit aussi Rafael de Leios
Issu d’une famille africaine réduite en esclavage et déportée à Cuba, Padilla devient orphelin et est vendu à l’âge de 11 ans à un marchand portugais. Il fuit en Espagne à 14 ans où il exerce différents métiers. C’est sur les quais de Bilbao, que Tony Grice, le célèbre clown blanc, le découvre. Très impressionné par sa force physique et ses talents de danseur, Il en fait d’abord son homme à tout faire puis son partenaire dans certains de ses numéros.
Après une courte collaboration artistique avec Medrano, dans « La noce à Chocolat », vient ensuite la rencontre décisive avec Georges Footit. Arrivé au Nouveau Cirque de Joseph Oller à Paris en 1886, le duo connaît alors un grand succès en imposant ce couple formé entre un clown blanc autoritaire et un auguste noir souffre-douleur à chaque fois refait, berné : « Monsieur Chocolat, je vais être obligé de vous frapper… ». De là l’origine de l’expression « être fait chocolat ».
Les deux clowns ont également inspiré à Samuel Beckett les personnages de Pozzo, le maître, et de Lucky, l’esclave, pour sa pièce « En attendant Godot » (1952).
En 1910 Footit et Chocolat se séparent brutalement pour poursuivre chacun une carrière en solo. Chocolat essaye une carrière d’acteur dans « Moïse » d’Edmond Guiraud en 1911 au Théâtre Antoine puis revient au cirque comme clown avec son fils adoptif Eugène Grimaldi, mais ils ne connaîtront pas le succès. Sombrant dans l’alcool, le clown Chocolat finira ses jours dans la misère à Bordeaux où il sera inhumé dans la partie réservée aux indigents du cimetière protestant. Il était âgé de 49 ans. De son côté, Eugène obtient un certain succès comme clown blanc dans les années 1920 et joue les succès de son père avec le fils de George Footit en 1921. Il est alors le premier clown à venir distraire les enfants dans les hôpitaux (ndlr : historiquement la période où les enfants ont assimilé la figure du clown à la souffrance…).
Du cirque au cinéma
Du cirque au théâtre, de l’anonymat à la gloire, l’incroyable destin du clown Chocolat (Omar Sy), premier artiste noir de la scène française. Le duo inédit qu’il forme avec Footit (James Thierrée), va rencontrer un immense succès populaire dans le Paris de la Belle époque avant que la célébrité, l’argent facile, le jeu et les discriminations usent leur amitié et la carrière de Chocolat. Le film retrace l’histoire de cet artiste hors du commun. Plusieurs scènes ont été tournées à Paris. Au cinéma le 3 février. »
Texte d’après la source : Mairie de Paris