Tout simplement noir : 50 nuances de “blacks”
On 22 août 2020 by rachidouadahJean-Pascal, comédien plus ou moins raté ou en tout cas en mal de reconnaissance, décide d’organiser une grande marche parisienne pour dénoncer la condition des noirs en France. Pour cela, il va essayer de mobiliser les personnalités noires du show-bizness en jouant d’une proximité fantasmée, pour le meilleur comme pour le pire. Mais s’il ne fait aucun doute que Jean-Pascal est noir – de banlieue et non d’Afrique comme il est dit – on est moins catégorique quand à la colorimétrie de Joey Starr qui est métis, sans parler de Vikash Dhorasoo qui est noir aussi mais pas de la bonne ethnie…
Durant les années 80 et 90 et jusque tard dans les années 2000, il ne fallait pas dire “noir”, c’était considéré comme raciste. Il fallait utiliser l’anglais “black” pour désigner nos compatriotes d’origine africaine ou caribéenne… ou bretonne. Car être noir, contrairement à ce suggère le titre du film, c’est une identité complexe. Jean-Pascal Zadi, qui est aussi co-réalisateur de ce faux documentaire, avec le photographe John Wax, se met en scène face à des intervenants aussi divers que Fary, l’humoriste dans un rôle éloigné de sa réalité, ou la Brigade Anti Négrophobie, groupe d’activistes bien réel qui vient rappeler que la date habituellement admise pour commémorer la fin de l’esclavage est une date “blanche”. En passant par les stars de la “communauté”, les auteurs se permettent également de porter un regard satirique sur la production culturelle noire. C’est ainsi que lors d’une scène poussée à la caricature, Fabrice Eboué (Case départ) et Lucien Jean-Baptiste (La Première étoile) se moquent de leurs propres films. Tout simplement noir est une comédie simple et complexe à la fois, exactement comme le statut des personnes noires en France.
Tout simplement noir. Scénario de Jean-Pascal Zadi et Kamel Guemra. Réalisation : Jean-Pascal Zadi et John Wax. Interprétation : Jean-Pascal Zadi, Fary, Joey Starr, Eric Judor, etc. France, 2020.
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