Cette relecture de Superman tombe dans le mythe de l’enfant du Mal comme le divulgue son sous-titre français.
Efficacité de la mise-en-scène : en un seul plan séquence on comprend que ce couple de fermiers est en mal d’enfant. Quelque chose venu d’un autre monde s’écrase dans la forêt. Dans ce berceau jeté aux eaux cosmiques, un enfant, Bryan. Devenu pré-ado, on le découvre un peu solitaire rejeté par les autres parce que déjà trop… malin. Et on ne contrarie pas un pré-ado, surtout s’il vient de l’espace et qu’il découvre l’étendue de ses pouvoirs supers.
Si Brightburn évoque Superman dans ses prémisses et certains aspects, il s’en éloigne par la violence gore. C’est un film de super-héros, ou plutôt de super-vilain, mais aussi un film d’horreur. Le petit Bryan rappelle d’autres enfants du Mal au cinéma, le plus iconique étant Damien. Le défaut de ces personnages c’est leur programmation : s’ils font le mal, ce n’est pas par vengeance ou pour punir l’humanité, mais juste parce que c’est dans leur nature. Ici, Brightburn tire son intérêt de la relation fils-mère en reléguant au second plan les figures masculines. Et de la filiation directe avec le genre super-héros. James Gunn (Les Gardiens de la Galaxie) est le producteur de ce métrage écrit par son frère et un cousin. Le générique de fin ponctué d’interventions de Michael Rooker annonce un univers en construction. Dans cette perspective, Brightburn pourrait être un apéritif à consommer en tant que tel ou la première pierre d’un “univers cinématique” à la Marvel, sinon le premier avatar du film de super-horreur, un genre forcément batard.
Brightburn. Réalisation : David Yaro. Scénario : Brian et Mark Gunn. Etats-Unis, 2019.