Gad Elmaleh joue son impropre rôle dans une série où il tente de gagner l’amour de son fils aux Etats-Unis où il est un parfait inconnu.
Gad avait fait ses premiers pas sur Netflix (dans lequel il dessinait les prémisses de Huge in France). Mais au lieu de passer son temps à grignoter et deviser dans une grand salon avec ses amis (comme dans Seinfeld), l’humoriste français galère. Personne ne le connaît ni le reconnaît, même pas son fils, éphèbe blond crypto-gay et mannequin.
“Je suis foutu, lessivé” annonce “Gad” dans le premier épisode au terme d’un spectacle à succès. Comme si la crise de popularité qu’il traverse actuellement (il est accusé de plagiat et d’être devenu antipathique) devenait l’élément principal d’une horrible mise en abyme. Dans le spectacle diffusé sur Netflix en Anglais, Gad se plaignait d’un état d’esprit très français selon lui : jalouser les gens qui ont réussi grâce à leur travail. Or, on lui souhaite qu’il n’y ait rien de lui dans Huge car on rit peu, et on sourit encore moins. La série étire sur 8 épisodes le même principe du poisson hors de l’eau, qui au lieu de déboucher sur un running gag sympathique aboutit à une blague qui nous court. La musique à la Django participe de cette ambiance Le Gendarme à New-York version Xanax, nous indiquant quand il faut rire, quand il faut s’émouvoir. Gad chante même sa tristesse dans une resucée d’un tube de Francis Cabrel, dans un moment gênant parmi tant d’autre. La gêne, est le seul sentiment “positif” que l’humoriste parvient à nous arracher, son personnage ainsi que les autres sont trop antipathiques pour susciter autre chose sinon de l’agacement.
Malgré le format de 25 minutes par épisode, on a l’impression que la série s’allonge indéfiniment tant la réalisation est molle et les rebondissement invisibles ou creux. Les situations font la part belle aux clichés : des Français libidineux et des Américains obsédés par leur apparence. Les pauvres comédiens – transparents – surjouent des dialogues sans saveur quand ils ne se contentent pas de ce qui semble être une traduction anglais-français sans nuances de leur texte (le manager de Gad, par exemple). Huge in France pouvait encore jouer une dernière carte : les guest-stars, qu’on suppose remplissent le carnet d’adresse du Français. Or, à part Jerry Seinfeld en personne et en coup de vent, il faudra se contenter d’un Jean-Paul Gaultier mal filmé. Et la cirrhose sur le côté : Cyril Hanouna, désormais introduit au public anglo-saxon dans une courte séquence parfaitement promotionnelle et absolument sans intérêt pour le public français. Car, attendu les éléments proposés, force est de constater que Huge in France n’est pas pour nous. Il raconte le projet de Gad Elmaleh : faire carrière aux Etats-Unis. Dans son sketch pour Netflix il avoue avoir peur de réaliser le rêve américain mais à l’envers : arriver riche, et repartir dans le sou. C’est un bon début.