Nous avions déjà remarqué ce cousinage flagrant entre les aventures du Capitaine Jean-Luc Picard et celles du Capitaine Ed Mercer. Les premiers épisodes de la seconde saison de The Orville confirment. Comme dans Star Trek : The Next Generation (STTNG), le vaisseau spatial qui donne son nom à la série est accessoire par rapport à l’équipage, les relations humaines, et les problématiques rencontrées – plutôt que les péripéties. En cinquième semaine par exemple, Mercer et ses officiers sont confrontés à une civilisation crédule en l’astrologie. Carl Sagan et Freud sont paraphrasés (“nous sommes le moyen pour l’Univers de se connaître lui-même” et “parfois une étoile n’est rien d’autre qu’une étoile”). Et comme Picard dépendait de la « Fédération des Planètes », Mercer dépend de « L’Union Planétaire » qui lui impose cette directive primordiale : ne pas interférer dans l’évolution des cultures explorées. Souvent alors, le sens de l’éthique des personnages est mis à l’épreuve, alors même qu’on nous les a présentés comme des bouffons.
The Orville est le produit de la frustration du public, de celle de Seth MacFarlane, l’auteur, d’avoir vu s’achever STTNG un 23 mai 1994, après une mission de 7 ans. Et aussi celle de Brannon Braga, co-créateur de STTNG et scénariste-réalisateur de The Orville. Comme s’il était dans un univers à peine alternatif, le spectateur n’est pas vraiment dépaysé par cette collection d’archétypes : l’androïde qui cherche à comprendre les humains, un extraterrestre basané et patibulaire, une doctoresse mère-célibataire, un extraterrestre à oreilles pointues doté d’un pouvoir extra-humain, etc. Ces héros se débattent pour résoudre des problèmes de société qui sont en vérité des problèmes humains contemporains même si l’action les situe sur d’autres planètes. The Orville (le titre s’inspire du prénom d’un des deux frères Wright, pionniers de l’aviation) est un plaidoyer pour l’inclusion, la tolérance, la rationalité, les relations inter…espèces, et contre la dictature des réseaux sociaux, l’homophobie, le machisme, les superstitions, le racisme, etc. Norman Spinrad nous confiait croire que STTNG était encore habitée de l’esprit de Gene Roddenberry, c’est pour cela qu’il apprécie la série (et pour « Patrick Stewart, un super acteur« ). On peut affirmer que The Orville prolonge très sérieusement (trop ?) les valeurs originelles de Star Trek, cette série qui est aussi connue pour avoir osé montré un baiser “interracial” à la télévision américaine, en 1968. De Plus, McFarlane injecte dans sa série tout ce qui lui est cher dans la culture populaire américaine, de Seinfeld à Singing in the rain, tout en multipliant les guests stars référencées (l’épisode 3 met face à face deux comédiens ayant joué un docteur dans deux séries Star Trek différentes). La conséquence de tout cela : on rigole pas tous les jours dans l’espace. Alors que Seth MacFarlane est connu pour ses saillies provocatrices et utiles, il se contente ici de donner quelques leçons de morale. The Orville ne remplit pas son contrat de comédie (si ce ne sont des miettes distribuées en saison 1) mais réserve quelques surprises.
The Orville, saison 2. Créée par Seth MacFarlane. Etats-Unis, 2019.