Des jeunes femmes, des jeunes garçons, du sexe, une petite ville pavillonnaire, le narcissisme 2.0 et un hacker : un film thèseux et mitigeant .
A Salem, Lily et ses trois meilleures amies sont à l’âge des premières fois et de la dernière année de lycée. Un hacker dévoile les données personnelles du maire conservateur et homophobe, faisant tomber son masque. Si les lycéens se réjouissent au début de ce leak organisé par un hacker anonyme, ils déchantent quand ils voient leur vie privée électronique exposée sur la place du village. C’est alors que les quatre filles vont faire les frais de la chasse aux sorcières instiguée contre eux par toute la population, persuadée qu’elles sont responsables.
On s’est laissé enthousiasmer par le tonus du film et l’association son-image qu’on dirait “pop-rock”. La mise-en-scène de Sam Levinson, fils de Barry, est non seulement impeccable mais elle fait feu de tout bois. Pour peu, on oublierait les défauts : le côté film à thèse (la disparition de la notion de vie privée vs. le narcissisme des réseaux sociaux), une scène de fusillade invraisemblable et peut-être trop de références cinématographiques insérés à la machette dans les dialogues. Heureusement, à la sortie de la projection du Paris International Fantastic Film Festival 2018, nous avons croisé Thierry Théolier (auteur et critique, patron du Syndicat Du Hype) qui nous a croisé en retour. Sa vérité comme la notre sont acceptables toutes les deux mais ne peuvent pas vraiment cohabiter vers une conclusion commune. Il est probable que Assassination Nation ne résiste ni à l’épreuve d’un second visionnage et encore moins à celle du temps. Car le cousinage du film est trop grand avec ses prédécesseurs dont Spring Breakers, Virgin Suicides, The Purge, Kill Bill. Le mot de la fin à Thierry Théolier : “traitement de la morale pachydermique, approche hypocrite et limitée”. Il faudrait lui préférer la sobriété du cinéma d’Haneke, moins clinquant et donc beaucoup plus violent.
Assassination Nation. Scénario et réalisation : Sam Levinson. Interprétation : Odessa Young, Hari Nef, Suki Waterhouse. Musique : Ian Hultquist. Photographie : Marcell Rév. Montage : Ron Patane. Etats-Unis, 2018. Sortie française le 5 décembre 2018.