LeapMotion : presque sur le bout des doigts

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Le capteur de mouvement de la startup américaine LeapMotion n’a pas réussi à s’imposer et c’est bien dommage.

C’est un bel objet, très peu invasif mais lesté d’un fil USB qui le rend anachronique en 2016. Si le boitier LeapMotion est élégant et tout petit il faut compter sur une machine puissante pour faire tourner ses applications. On l’a vu avec le cinéma en relief (ou 3D), c’est le contenu logiciel ou culturel, le software, qui justifie l’existence du contenant matériel, le hardware. Il n’y a aucune raison pour qu’il en fut (soit ?) autrement avec cette technologie datée de 2013, déjà. Or, trois ans après son lancement, on attend toujours le Mario Bros, le Sonic ou le Counter Strike du LeapMotion.

L’objet envoie plusieurs signaux infrarouges dans un rayon de deux mètres cubes environ afin de saisir l’environnement. Ce qui l’intéresse, ce sont nos mains. Tout va se jouer sur ces deux organes. La qualité des applications testées, essentiellement ludiques et gratuites, dépend de la finesse de la captation du mouvement. De là découle une évidence : le LeapMotion n’est pas conçu pour les jeux de réflexes. La machine elle-même équipée d’un processeur pour alléger le travail du PC/Mac n’est pas suffisamment précise pour capturer le mouvement le plus naturel qui soit. Tant que les programmeurs essaient de modéliser parfaitement les mains en 3D, ils se trompent. Il leur suffit de nous aider à transcrire sur l’écran nos gestes dans l’air. Ce qu’arrivent à faire ou à nous faire faire, avec beaucoup d’effort, les jeux Volantes, Kyoto, et Playground (cf. illustration) ou encore l’énorme Sculpting qui consiste ni plus ni moins à façonner une forme dont on choisit matière et texture, à volonté (vidéo ci-dessous). Ou plutôt : dont on choisira forme, matière et texture, car la maitrise du maniement de la chose, c’est pour demain comme le dit le slogan du LeapMotion.

Nous nous attendions à ce que la machine s’adapte à nous et pas l’inverse. Depuis l’invention du clavier, puis de la souris, c’est l’être humain qui adapte sa nature à la mécanique. Avec LeapMotion, il faut à nouveau se re-calibrer pour se faire comprendre des programmes et de la machine. Ce n’est pas pire que faire une combinaison A+B+C+L+R pour un coup spécial dans un Street Fighter. LeapMotion aura été précédé du Kinect de Microsoft pour sa Xbox et de la console Wii. Ces deux innovations n’ont pas réussi à s’imposer parce qu’elles se sont enfermées dans leurs systèmes propriétaires. LeapMotion ne fait pas mieux en trois ans d’existence. D’ailleurs, il se dote d’un « store » pour télécharger et lancer les applications dédiées. Il est loin d’être la révolution escomptée. Le boitier connaît une mini renaissance à travers la réalité virtuelle (RV). Associé à un casque Oculus, HTC Vive ou Samsung Chais pas quoi, LeapMotion permet de visualiser ses mains et d’appréhender des objets sans gants ni accessoires supplémentaires. La limite, nous la connaissons depuis Foot VR, c’est cette zone de captation au-delà de laquelle nous sommes hors-jeu. Et l’absence de retour haptique. Mais cette dernière question, le sens du toucher, est vraiment une autre histoire. Ne vous fiez pas à la bande-annonce.


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