Nous avions reçu Sofia Djama pour notre première interview en 2012 sur l’état de cette société algérienne si proche et si loin de nous depuis son « indépendance ». Le changement démocratique et l’égalité des sexes en Algérie, c’est pas pour maintenant, et elle le redit dans une tribune publique reproduite intégralement ci-dessous.
« A la veille du 8 mars des députés à l’Assemblée Nationale osent nous balancer leur visions rétrogrades, quelle injustice !!! C’est ça L’Islamisme Ordinaire !!! « L’islamisme ordinaire » est pernicieux, insidieux, il circule et trouve une place toute naturelle au sein de la société jusqu’à en devenir la norme et l’ordre morale unique auquel il faut se tenir il est même au dessus des lois constitutionnelles c’est ainsi que souvent des policiers en oublient leur prérogatives en osant des remarques désobligeantes à l’encontre des femmes qui ne portent pas le voile qui viennent porter plainte pour harcèlement ou agression.
Je suis convaincue qu’il est important pour ceux et celles qui sont à Paris d’envisager un rassemblement devant l‘Ambassade d’Algérie le 8 Mars et les jours qui suivront, il faut absolument réactiver tout les réseaux militants quelques soit les couleurs politiques pour peu que ces associations revendiquent l’abrogation du code de la famille. »
La cinéaste, distinguée à Clermont-Ferrand insiste, sur le fait que « la diaspora, doit être une caisse de résonance pour ceux et celles qui se battent contre « l’Islamisme Ordinaire » en Algérie et ailleurs. La diaspora n’est que l’écho, elle ne peut porter ce combat seule, si au pays les énergies ne se mettent pas en place. à vrai dire la diaspora n’est qu’un relais du moins à cet étape ».
La société est empêtrée dans la bigoterie qui est le chemin le plus court vers une régression terrible. Le processus est visible depuis plus d’une décennie via le système éducatif entre autre. Et si on laisse faire, ce projet de loi contre les femmes trouvera sa place naturellement dans peu de temps.
L’Abrogation du code de la famille et réhabiliter le statut de la femme égale à l’homme, sont des conditions non négociables pour retrouver une société saine et équilibrée. »
Elle ajoute en off ce cri à tous ceux qui voudraient bien l’entendre : « Hommes ! Ne nous sacralisez pas nous sommes égales à vous, autrement nous serions obligées de vous sacraliser à notre tour. Hommes, ne soyez impressionnés ! Ne doutez pas vous êtes capables d’accomplir les mêmes taches que nous ! Il est nécessaire de se mobiliser comme dans les années 80 et 90. »
Par Sofia Djama, cinéaste algérienne
L’auteure fournit le lien vers l’actualité de ce mois de mars 2015 : http://www.huffpostmaghreb.
La page Facebook fédérant l’appel à du 8 mars 2015
(Photo : 2013, DR).
A lire aussi sur The Guardian (2012) :
New Africa: the film-maker exploring feminism in Algeria