La légende de Saul Bass
On 26 février 2012 by rachidouadahTout le monde connaît le travail de Saul Bass, même les spectateurs les moins cinéphiles qui ont vu sans le savoir ses génériques. Et plusieurs générations de graphistes lui sont redevables, en particulier les digital natives. Mais combien ont vu ses films ?
https://www.youtube.com/watch?v=Zcb-M5a4Uy8
Saul Bass a vécu et il est mort, en 1996, l’année qui a suivi la sortie de Casino. Il signait l’extraordinaire générique du film de Scorsese après avoir travaillé dans l’ombre des projecteurs, pour Hitchcock, Preminger, Wilder, Kazan… En tant que concepteur graphiste il a aussi crée les affiches de nombreux chefs d’oeuvre du cinéma américain. Son style peut être résumé en trois mots-clés : silhouettes, aplats, minimalisme. C’est ainsi, et avec beaucoup de talent, que Bass insémina visuellement l’internet qui s’accommode encore aujourd’hui très bien de ces formes réduites à leur plus simple expression.
Si nous convoquons aujourd’hui l’esprit de ce puissant créateur dans Vidéodrome, c’est pour la partie de son oeuvre la plus méconnue. Saul Bass aura eu le temps de réaliser sept films, dont 5 courts-métrages et un mini-documentaire. Son unique long-métrage, Phase IV, est une brillante pièce de science-fiction adulte – nous y reviendrons. Mais parce qu’il est disponible en streaming légal et parce que nous avons eu envie de le partager avec vous, nous allons vous toucher quelques mots au sujet de Quest. Tourné en 1984, ce court-métrage fantastique inspiré de Ray Bradbury intrigue dès le pitch : une colonie d’êtres humains envoie le plus jeune de ses enfants accomplir la quête ultime. Dans ce monde entre science et magie, la durée de vie est limitée à une semaine. Comment apprendre, comment ressentir, comment vivre en si peu de temps ? L’homme, cette créature déjà très éphémère, est à quatre pattes le lundi, à trois le dimanche soir, et poussière le lundi suivant. Le jeune, et de moins en moins jeune héros, va devoir surmonter des épreuves ésotériques avant finalement d’être confronté à la question de la liberté : « Si je peux vivre des milliers de jours, lequel sera le plus beau ?« . Tous. Chaque jour, chaque heure, chaque minute. Carpe diem.
Quest, réalisé par Elaine et Saul Bass, scénario de Ray Bradbury (nouvelle), avec John Abbot, Damian R. Cavaleri, David Comfort, fantastique-scifi, 1984, Etats-Unis.