American Gods : noms de dieux

D’après le romancier multimédia Neil Gaiman, American Gods est une série où les dieux d’avant et ceux de maintenant s’affrontent pour gagner l’âme humaine et le monde : spectaculaire et à la limite de l’ésotérisme.

On a vu moins bien et moins mystérieux comme introduction : une voix-off raconte comment les premiers visiteurs de l’Amérique, les vikings, ont introduit leur dieu, Odin, sur le continent. Avec force visuels et ralentis. Plus tard, en 2017, Ombre Lune, sort de prison en avance et espère retrouver sa femme. Un coup du sort ou du scénariste : elle meurt la nuit-même dans un accident de voiture. Il ne lui reste pas grande raison de vivre jusqu’à ce qu’il accepte de devenir le garde du corps de M. Mercredi, qui s’avère être l’incarnation d’un dieu nordique, celui qui donne son nom au troisième jour de la semaine. Le spectateur est introduit à un nouveau dieu dans presque chaque épisode. Comme Bilquis, ou Reine de Saba, qui avalent ses amants et les projettent dans l’espace où ils éprouvent un orgasme infini et pour toujours. Mais pourquoi un dieu vivant aurait besoin d’un garde du corps ? Parce que les anciennes divinités, comme Odin, Tchernobog, le dieu de la nuit et de l’obscurité, Anansi, l’esprit de la connaissance et des histoires, le Jésus blanc et le Jésus mexicain qu’on ne présente plus, se retrouvent tous en Amérique pour affronter les nouveaux dieux que sont la technologie et les médias. L’audace et l’ambition la proposition placent la barre très haut.

Gillian Anderson, bluffante et polymorphe dans American Gods.

Le matériau de départ c’est le livre éponyme de Neil Gaiman paru en 2001 et que nous n’avons pas pris le temps de lire. Pourtant, dans les dialogues, la voix-off, il y a encore beaucoup de littérature et c’est plaisant à entendre. Pour autant la cinématographie n’est pas à la traîne. La série nous trompe sur sa facture dès le début en utilisant un format cinémascope (2,35:1 pour être précis) pour certaines scènes. L’illusion s’installe rapidement parce que les moyens sont là, déjà à l’écriture et au développement. Pour passer du livre à l’écran télé, il a fallu les talents de Michael Green (Blade Runner 2049, Logan) et de Bryan Fuller (la série Hannibal). Même si la réalisation est assurée par des “seconds couteaux”, sauf l’épisode 5 par Vincenzo Natali (Cube), toute cette première saison s’en tient à une direction artistique solide et cohérente. Il faut dire que les scénaristes jouent vraiment avec le feu en jetant leur héros, un simple mortel, dans des péripéties dramatiques, fantastiques à la limite de l’ésotérisme. Composé d’inconnus relatifs, le casting est largement épaulé par Ian McShane, totalement cador, Gillian Anderson, carrément bluffante, et Crispin Glover qui n’est plus le père de Marty McFly depuis 30 ans. Déjà disponible sur les écrans française, la série ne devrait pas tarder à entrer en seconde saison après ce qui n’était qu’une longue mise-en-bouche.

American Gods. Série créée par Bryan Fuller et Michael Green d’après Neil Gaiman. Interprétation : Ricky Whittle, Ian McShane, Emily Browning. Etats-Unis, 2017.


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