Vu à l’Etrange Festival, une variation coréenne d’Un jour sans fin, sans la comédie et la morale en plus.
Jun-young est un médecin célèbre, fierté de la nation coréenne, père célibataire d’une gamine délaissée. De retour d’un séminaire à l’ONU il assiste à un accident de voiture. Sa fille vient d’être projetée à terre par un taxi fonçant à toute allure. Brusquement il est ramené quelques heures en arrière. Il essaie en vain d’empêcher l’accident plusieurs fois jusqu’au jour où… « Succès surprise » en Corée, A Day revisite le thème de la boucle temporelle en y apportant quelques variations que nous ne dévoilerons pas. Car A Day est un honnête film, avec des intentions sincères qui se reflètent dans la mise en scène et le jeu des comédiens.
Mais il est fait pour un public coréen. N’ayons pas peur d’avoir l’air raciste, A Day souffre des défauts inhérents aux productions coréennes qui franchissent les kilomètres jusqu’à nous. Jusqu’à preuve du contraire, les Coréens sont différents des Français. Il y a donc une lecture qui non pas nous échappe mais nous surpasse. Il y a d’abord ces pleurs. Les comédiens coréens pleurent beaucoup dans les films de genre. Preuve en est, le dernier succès international Un train pour Busan se termine quasiment en larmes. Les Chinois gesticulent beaucoup dans leurs films (une autre langue des singes que l’Italien) et les Indiens dodelinent subtilement de la tête. Du point de vue occidental qui est le nôtre, on croirait que les acteurs ont font un peu trop. Heureusement, comme nous sommes tous des êtres humains, les émotions passent et parfois même elles transpercent le cœur endurci du critique de cinéma. Ensuite, il y a cet enfant. Un enfant dans un film est toujours mauvais signe. En particulier dans un film asiatique. Ça peut signifier une mauvaise interprétation, du miel dans la bande son et des bons-bons sentiments. Heureusement l’enfant-acteur devient vite prétexte à un enjeu moral plus important. De la morale il y en a beaucoup pour cette journée interminable. A un certain moment on se demande même si le film nous a glissé un message subliminal sans le savoir. On le résume : le don d’organe volontaire c’est bien, l’avortement et le mensonge c’est mal. En dehors de ce « défaut » majeur sachant que le film est en compétition à l’Etrange Festival 2017 (23e du nom), le contexte dans lequel nous le découvrons. A Day réussit la prouesse de transformer le renversement par voiture d’une fillette en instant de grâce presque infini qu’on aimerait voir devenir l’affiche du film. De cela nous doutons aussi.
A Day. Réalisation : Cho Sun-ho. Scénario : Cho Sun-ho, Lee Sang-hak. Interprétation : Myung-min Kim, Yo-han Beyon, Hye-Sun Chin. Musique : Mowg. Montage : Shin-Min Kyung. Photographie : Kim Ji-yong. Corée du Sud, 2017. Sortie française : NC.