La guerre ne grandit personne, même pas les survivants.
Les jeux de guerre comme les guerres réelles sont racontés du point de vue des guerriers, et en général celui des futurs vainqueurs. This War of Mine nous met dans la peau de civils qui essaient de survivre dans un environnement ravagé. Il s’agit de collecter des aliments et des matériaux et d’organiser la vie pour qu’elle continue. Dans sa partie plates-formes, le jeu fait penser à Prince of Persia (1989), Another World (1991) ainsi qu’à Splinter Cell (2002). L’exploration/infiltration est « classique » mais rehaussée par un graphisme au fusain. De retour au refuge, nous retrouvons un système de jeu de type Warcraft ou tower defense. On accumule des matières premières pour construire un lit, un réchaud, un atelier de métallurgie, puis pour améliorer l’équipement et produire de nouveaux outils, et même des armes. C’est là que le jeu devient à la fois addictif et répétitif. Quelques paramètres viennent perturber cette linéarité : piller ou blesser des innocents a un coût psychologique important pour les survivants. Additionnée au froid, à la faim, et au mauvais sommeil, la déprime peut engendrer le suicide. Alors que le jeu s’inspire du siège de Sarajevo qui a duré 4 ans de 1992 à 1996, nous n’avons jamais réussi à dépasser 19 jours sans que l’un de nos personnages (tous sont particulièrement caractérisés pour les rendre attachants) trouve la mort ou fuit le refuge – parfois en emportant les vivres. Il manque à This War of Mine un concept original qui aurait pu faire de ce jeu de guerre un vrai jeu de paix.
This War of Mine. Direction : Michał Drozdowski. Scénario : Maciej Skóra, Kacper Kwiatkowski, Wojtek Setlak. 11 Bits Studio. Pologne, 2014.