Un accident sur la route annonce la couleur. La voiture du protagoniste principal percute un coyote qu’il faut achever. Il va donc y avoir du sang ce soir, c’est le pressentiment qui s’empare de Will (Logan Marshall-Green). Le dîner a lieu chez son ex-femme qui reçoit avec son nouveau mec, dans leur ancienne maison. Les personnages sont trop âgés pour être les proies d’un simple tueur en série ou d’un croquemitaine comme dans les films de Wes Craven ou John Carpenter. Alors c’est d’une histoire de fantôme qu’il s’agit, pas au sens fantastique mais psychologique. Leur enfant est mort ici. Une femme s’est coupée les veines à l’endroit même où il se rince les mains. Les souvenirs hantent Will, qui traîne sa silhouette de pièce en pièce, de doutes en soupçons. Peut-être qu’il est plus perturbé que son ex ? Tout au long de la soirée celle-ci affiche un comportement excentrique et prêche un culte inquiétant. Mais après tout, tout le monde est un peu spécial, ici, de ce côté du Los Angeles bourgeois, s’accordent à dire les invités.
La réalisatrice Karyn Kasuma (Jennifer’s body, Girlfight, Aeon Flux) parvient à installer l’ambiance adéquate pour nous retenir dans cette grande maison hantée par la mort. Habituée, comme ses deux scénaristes à des films d’action, elle livre avec The Invitation un film dont la violence est retenue. On oserait presque parler d’intimité tant elle nous fait entrer dans la peau, les sentiments et le pressentiment de Will : il va se passer quelque chose de mal, mais quoi ? Ce personnage, sur qui tout repose, est interprété par le même acteur arrogant qui avait participé à plomber le Prometheus de Ridley Scott. On le retrouve ici méconnaissable et tout retranché en lui. C’est dire l’attention portée à l’écriture et à la direction d’acteurs, la seule manière de faire durer le suspens dans un espace clos fut-ce un intérieur chic dans la cité des anges ou un vaisseau spatial.
En savoir plus sur le film : entretien avec la réalisatrice sur Fastcocreate.
The Invitation de Karyn Kasuma, Phil Hay, Matt Manfredi. Interprétation : Logan Marshall Green, Emayatzy Corinealdi, Michiel Huisman. Photographie : Bobby Shore. Musique : Theodore Shapiro. Etats-Unis, 2016. Sortie française : disponible en VOD depuis le 11 juillet 2017.