Cela faisait déjà 20 ans que les deux artistes s’étaient promis une collaboration quand ils entament la production d’Excalibur en 1987. Le souvenir laissé par ses rares diffusions à la télévision ne le rend que plus exceptionnel, d’autant qu’un long making-of de qualité a émergé sur le web en 2013. Excalibur a surpris les téléspectateurs pour plusieurs raisons.
Il était d’abord parmi de ces premiers clips à utiliser des images de synthèse. Le réalisateur n’est pas allé jusqu’à les mélanger à des images réelles : opération trop coûteuse pour l’époque. Mais tout l’univers de Druillet prend un volume inédit. Pour les plus jeunes, Druillet c’est Loan Sloane, Salamboo… Et Sheller, c’est le chanteur pop qui s’avoue fatigué d’enchainer des succès populaires. Dès lors, Excalibur ne pouvait être qu’un objet unique, composé comme une symphonie, il est aussi produit avec les moyens dignes d’un Peter Jackson du moment (le bricoleur qui a mis en image l’hexalogie de Tolkien aujourd’hui, tandis qu’il jouait avec du plastique dans Bad Taste la même année). On peut dire que Excalibur, fable mélangeant le futurisme expressionniste de Druillet au moyen-âge sombre suggéré par la musique de Sheller a été a un de ces rendez-vous raté entre le cinéma français et toute la part d’imaginaire qu’il a abandonné au marché anglo-saxon. Tout cela sur fond d’un conflit entre un père Roi et son prince de fils, des guerres, des dieux, des nains, et une femme au milieu. Est-ce la Guenièvre de la légende arthurienne ou l’Hélène de Troie ?
Et puis un matin de février 2014, nos confrères du Parisien publient une interview de Philippe Druillet à l’occasion de la sortie de son livre. Dans l’entretien intitulé sobrement « Mon père, ce collabo« , il a le courage de raconter une partie de ce qu’a été son enfance, dans la haine, et aussi l’épisode tragique du décès de sa femme à l’âge de trente ans en 1975 (Delirum : autoportrait, ed. Les Arènes). Ces éléments permettent de mieux appréhender aujourd’hui émotionnellement cet Excalibur. Pour en savoir plus, et palier à la mauvaise qualité de la vidéo, le making-of ci-dessous comblera les plus curieux (merci à son auteur).