Un doc revient sur la carrière et la personnalité de l’éminence grise du cinéma américain des années 70 et 80 : John Milius. Bande-annonce.
Encore maintenant il est difficile de convaincre les gardiens du Temple du Bon Goût et des Bonnes Couleurs que Conan le Barbare est un des films les plus puissamment poétiques depuis Les enfants du paradis de Prévert et Carné. On doit le film qui lança la carrière de Schwarzenegger à John Milius. Une fois qu’on connaît le curriculum vitae du gars, on ne peut que s’incliner devant celui qui fut comme l’éminence grise du cinéma américain des années 70 et 80 dans ce qu’il avait de meilleur. Dans un documentaire qui lui est consacré, c’est toute la nomenklatura de l’industrie actuelle qui vient lui rendre hommage et payer sa dette artistique. Sur une période de 20 ans, de ses doigts habitués à manier les armes à feu, vont sortir L’inspecteur Harry, Apocalypse Now, Jeremiah Johnson, 1941… « Francis (Ford Coppola) ne pouvait pas raconter une histoire comme John, Georges (Lucas) non plus, aucun d’entre nous ne pouvait le faire » déclare Maître Spielberg dans la bande-annonce de ce doc que le public français n’est pas prêt de voir.
Dommage car il y a tout un pan de la personnalité de Milius qui mérite d’être éclairé. S’il n’a jamais caché ses opinions conservatrices, il s’est en revanche construit un personnage de provocateur qui lui coûta sans doute une partie de sa carrière au sein d’un milieu réputé « liberal » (« gauchiste » en anglais). Ce « nounours avec un AK47 » militant de la NRA, auto-proclamé « anarchiste zen » (« fasciste zen » selon certaines sources) fut accusé de faire l’apologie de la violence et d’exalter des valeurs d’extrême-droite comme la virilité et l’amour de la mère patrie. D’ailleurs on ressent comme un malaise au visionnage du trailer de L’Aube rouge, film à sortir prochainement, qui raconte comment des jeunes américains résistent contre l’occupant nord-coréen et qui est un remake d’un scénario de Milius tourné en 1984. En effet, on est loin des principes cul-cul la praline dont nous inonde le Hollywood des mêmes Spielberg, Lucas, Singer, et même ce tocard de Scorsese (le réalisateur de Hugo Cabret pas celui des Affranchis). Parce que « John ne fait pas de films pour les gonzesses et les tafioles, il fait des films pour les hommes » dit en substance l’acteur et cow-boy Sam Elliot, qui doubla le personnage d’une vache dans La ferme en folie (2006, Steve Oedekerk)… Des armes, de la baston, des explosions, et des personnages contraints ou obsédés par l’idée de défendre leur communauté/ville/pays/race/planète contre un envahisseur étranger : c’est plus ou moins la recette des justiciers Batman, Spiderman, Avengers et autres Man of Steel qui polluent de cette idéologie brunâtre les écrans depuis dix ans, et dont pourtant John Milius n’a pas écrit les scénarios.
Videos bonus/malus :
Trailers de L’Aube rouge version 1984 et le remake de 2012