Jean-Luc Picard est un héros de la culture populaire au même titre qu’Indiana Jones ou Han Solo (Star Wars). Et comme pour ces deux homologues, il nous est offert la suite d’aventures qu’on croyait ou qu’on espérait secrètement terminées. Car que pouvait-il arriver de pire à Indiana Jones et au Capitaine Picard sinon vieillir sous nos yeux, se flétrir tant physiquement que psychologiquement. C’est ce que nous donne à voir la série Picard qui vient d’achever sa première et on espère sa dernière saison.
Au départ, on avait accueilli le projet avec enthousiasme : pourquoi pas, reprendre la suite d’un personnage vu la dernière fois en 2002 au cinéma. Après tout, Jean-Luc Picard avait encore de beaux jours devant lui et son interprète était encore relativement jeune. Mais 20 ans ont passé et Patrick Stewart est désormais un septuagénaire marqué dans sa chair et dans sa voix. Les créateurs de Picard ont choisi de le faire évoluer dans un monde nouveau avec un ensemble de personnages nouveaux. Le contexte de la série Star Trek : The Next Generation était positif. Depuis, c’est comme si le brexit et Trump étaient passés par là. Le contexte où évoluent les personnages est ténébreux. Fini l’optimisme béat de la “Fédération des planètes” qui voyait cet ONU de l’espace imposer sa vision humaniste dans toute la galaxie. La Fédération est ici divisée, intrigante, corrompue. C’est une douche froide pour les habitués de The Next Generation. Picard n’est plus accompagné de son équipage de geeks éclairés mais par des mercenaires dont le recrutement occupe péniblement plusieurs épisodes. Pire que tout, la série qui porte son nom consacre finalement peu de temps au personnage de l’amiral retraité Picard. On a droit aux vicissitudes de protagonistes nouveaux dont le sort nous préoccupe assez peu. Comme dans une tentative pathétique – il faut le dire – de recoller les morceaux, la série fait appel à la mémoire collective et ressuscite des éléments passés. L’androïde Data, personnage préféré de beaucoup de fans, réapparaît lui aussi dans sa version crépusculaire. Star Trek – Picard met en scène des personnages non pas morts, mais clairement mourants. En ce sens, cette série explore des territoires qu’on n’a pas envie d’arpenter et échoue misérablement à retrouver la gloire de son prédécesseur.