La dramaturgie, l’art du récit : d’Aristote à Prison Break

La Dramaturgie impressionne par sa taille mais elle cache en vérité un discours accessible à tous. Bien que l’ouvrage s’adresse en priorité aux scénaristes, ses références et son langage le rendent compréhensible par le simple mortel, pour peu qu’il soit curieux et dispose d’une bonne culture cinématographique. Samuel Beckett, Bertolt Brecht, Jean-Michel Charlier, René Goscinny se croisent entre le chapitre consacré à la structure et celui qui détaille la fonction du dialogue. Le panthéon du livre comprend également Hergé, Alfred Hitchcock, Henrik Ibsen, Ernst Lubitsch, Molière, Dino Risi, etc.

La Dramaturgie n’est pas un manuel de bricolage, ni une collection de recettes. C’est un traité. Il énonce des règles déduites de l’observation d’une multitude d’oeuvres, de Sophocle à Astérix en passant par Hamlet. L’auteur, le cinéaste et script-doctor Yves Lavandier, avance également des idées inédites comme la structure fractale du récit : chaque scène d’un scénario serait composée comme le tout. Un art majeur comme la dramaturgie ne peut pas être dépourvu de lois et pourtant il reste des irréductibles qui pensent que l’art du récit ne s’enseigne pas, que c’est un don divin que reçoivent une poignée d’élus – et que la Terre est plate. Parmi les partisans de cette idée, il y a tout un pan du cinéma français qui jure encore par la politique des auteurs. Politique dont l’effet pervers a été de reléguer le scénariste au rang d’un simple technicien alors qu’il est l’auteur principal de l’oeuvre. Pour tous les autres, amateurs et professionnels, il y a cette Dramaturgie et ses 600 pages.

La dramaturgie, l’art du récit. Yves Lavandier. Impressions Nouvelles, 2019.

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