Un titre délirant pour un drame qui manque sérieusement d’humour.
Sam Elliott est une légende de l’écran. Nous, Français, le connaissons pour sa moustache et une courte et mémorable apparition dans The Big Lebowski. Le public américain l’a découvert début 70, sous les traits de Bobby le bricoleur, dans la série Mission : Impossible. Nous l’avons récemment vu dans Frogs, un film « d’horreur écologique » présenté au Festival d’Avoriaz en 1973. Il semble que The Man Who Killed Hitler And Then The Big Foot (L’homme qui tua Hitler puis Bigfoot), soit dans la même veine, c’est à dire de série B avec tout de même un sous-texte intéressant. Barr (Elliott), un cowboy plus très fringant, noie dans l’alcool son âge et ses souvenirs. Pendant la guerre contre les nazis, il a tué un homme. Il ne s’en remet pas. Cet assassinat n’a pas fait de lui un héros, pas plus qu’il n’a arrêté le massacre. Car au moment de « l’Opération Valkyrie » de 1944 à laquelle il est fait référence, Adolf Hitler n’est plus un être humain mais une idée « qu’on ne peut plus stopper ». Des représentants du gouvernement canadien et américain viennent lui confier une mission, s’il l’accepte : tuer Bigfoot, la bête mythologique qui aujourd’hui (le film se déroule dans les années 70-80) menace de contaminer l’Humanité d’un virus apocalyptique.
Quel gâchis. Il suffit de voir Sam Elliott, dans sa trentaine, déambuler dans Frogs, métrage pourtant marqué par une esthétique crapaud, pour sans rien connaître d’autre de lui attester d’un charisme et d’une présence uniques – alors qu’il n’est même pas encore moustachu. « Aujourd’hui je suis un vieil homme, pourquoi venir me chercher » demande le personnage d’Elliott. Parce qu’il est demandé comme mythe, comme l’homme qui a tué Hitler. Le scénario aurait pu se contenter de cette proposition, et broder comme il le fait avec les souvenirs amoureux du héros. Voilà un homme qui a finalement été incapable de changer le cours de l’Histoire, et encore moins celui de sa propre histoire. C’eut été un simple drame. Et puis arrive l’élément fantastique, et incongru, qui fournit une nouvelle épreuve à l’ancien héros. S’ensuivent la traque et la confrontation invraisemblables entre un septuagénaire et un grand singe, des effets spéciaux pathétiques, et une conclusion insatisfaisante. Comme si ce segment qui n’occupe que 15 minutes était inutile, il parasite le drame intime raconté par flashbacks. The Man Who Killed Hitler ne nous a pas tué de rire, or c’était une des promesses du titre et de l’affiche.
The Man Who Killed Hitler And Then The Bigfoot. Scénario et réalisation : Robert D. Krzykowski. Etats-Unis, 2019. Sortie française : prochainement.