C’est une comédie musicale – de zombies – au lycée – à Noël – qui ouvre L’Etrange Festival 2018. C’est frais et sympa mais moins contagieux que la bonne humeur de son réalisateur, John McPhail.
Comme Lady Bird, Anna & The Apocalypse appartient au genre coming-of-age : il raconte le passage à l’âge adulte d’un groupe d’adolescents, écossais. Il y a d’abord Anna, la jolie brune qui veut tout plaquer pour l’Australie. Puis Steph, la lesbienne refoulée par la société et ses parents, John le nerd boutonneux amoureux d’Anna, Nick le beau gosse stupide et ex d’Anna, et Lisa et Chris, adorable couple de geeks. Tout va déjà pas très bien quand éclate une épidémie de zombies. La raison : on n’en a cure depuis 50 ans que le film de zombie existe. L’important c’est que les morts-vivants vont accélérer le processus de maturité des protagonistes. Et comment on devient adulte au cinéma ? Un peu comme dans la vraie vie, en passant des épreuves et en se confrontant à l’autorité. Ici, l’autorité est représentée par des figures parentales soit déjà mortes, soit malades, soit absentes, ou fautives de quelque chose. Et il y a le nouveau proviseur du bahut, un misanthrope qui saisit dans cette apocalypse l’occasion de se venger de l’humanité, et en particulier des jeunes.
Embouteillage de films de zombies
Quand John McPhail entre sur la scène de la salle 500 du Forum des Images ce mercredi 5 septembre pour ouvrir L’Étrange Festival, il fait une sorte de salut élastique qui installe de suite son personnage. Et dès qu’il ouvre la bouche le public est conquis : “je suis écossais donc j’ai un accent alors peut-être vous aurez du mal à me comprendre”. En vérité, l’accent du jeune réalisateur est si prononcé que non seulement son Anglais en devient parfaitement audible et compréhensible, mais en plus, ses sonorités particulières lui permettent de capter toute l’attention. Son humour fera le reste. Il nous apprend que Anna and the Apocalypse a été réalisé en vingt jours. Vingt jours ? Au vu de la la constitution frêle du bonhomme et son extraversion, on imagine que son métrage est un film d’animation. Pas du tout, Anna… est bien une comédie musicale avec des chansons et des chorégraphies exécutées en chair et en os. En vérité, on vous le dit hein, c’est un exploit compte tenu de la quantité de scènes et d’effets spéciaux pratiques. D’où peut-être les maladresses dans le jeu des comédiens puis le montage ? Le personnage du proviseur est tellement caricatural et surjoué qu’il en devient improbable. Or, sans un bon méchant pas de bonne histoire. Le film souffre aussi d’un embouteillage : trop de zombies dans le paysage cinématographique mondial d’abord, et britannique surtout, rapport à la superficie de la perfide Albion. On se rappelle de 28 jours plus tard et sa suite, mais surtout de Shaun Of The Dead (et aussi, du même réalisateur, Le dernier pub avant la fin du monde, film de zombies déguisé en film d’extraterrestres). Sans compter la série Dead Set du créateur de Black Mirror (Charlie Brooker), et l’américain Dance Of The Dead qui se déroule dans un contexte similaire (les chansons en moins). La mise-en-scène parfois bancale renonce à de beaux moments mais en offre d’autres.
Comment se rappeler alors d’une comédie de zombies parmi tant d’autres ? L’humanité du réalisateur resurgit à l’image : il filme ses jeunes comédiens de très près, de sorte qu’ils deviennent très attachants. Et ce, malgré la violence, désamorcée par un humour à la limite du slapstick. Même si Anna and The Apocalypse n’est pas un premier film, il est une très bonne carte de visite pour ses comédiens et son réalisateur. En compétition à l’Etrange Festival 2018.
Anna and the Apocalypse. Scénario : Alan McDonald, Ryan McHenry. Réalisation : John McPhail. Interprétation : Ella Hunt, Malcolm Cumming, Sarah Swire. Musique : Roddy Hart, Tommy Reilly. Photographie : Sara Deane. Montage : Mark Hermida. Direction artistique : Martin Kelly. Grande-Bretagne, 2018. Date de sortie française : NC (première française : L’Étrange Festival 2018).