Dans un entretien au New York Times, l’actrice vedette de Pulp Fiction raconte comment la vie à Hollywood a été aussi dure pour elle que les aventures de son personnage dans Kill Bill.
La comédienne de 47 ans révèle avoir eu affaire deux fois au producteur dans des circonstances dangereuses au cours des années 90. Elle échappe à une première agression, puis à une tentative de viol. Weinstein, Tarantino et Thurman venaient d’être consacrés pour Pulp Fiction (1994). Le réalisateur de films pourtant très “women empowerment” (des personnages féminins principaux et forts) n’avait pas pris les plaintes de la comédienne au sérieux. Son mari d’alors, l’acteur Ethan Hawke avait logiquement volé à son secours, et elle avait elle-même menacé le producteur de “perdre carrière, réputation et famille”. Si Thurman avait réservé jusque là sa réaction après être apparue en colère devant les caméras en octobre pour la première de sa pièce de théâtre The Parisian Woman, c’était dit-elle “pour gagner du temps”. La comédienne est prise dans des sentiments contradictoires, entre le besoin de dénoncer et l’aveu de faire partie du problème. “Et tout ce petit monde est allé à l’abattoir comme des moutons, parce que personne ne pensait qu’une personne ayant atteint ce niveau de pouvoir vous ferait quelque chose d’illégal”. Elle ajoute : “j’ai été soumise à ça, et j’ai aussi participé à couvrir ces faits, c’est une position partagée super bizarre”. Tarantino a finit par comprendre en 2001 et en toucher deux mots à Weinstein, peut-être pour pacifier la relation de travail qui devait aboutir à Kill Bill (2003). Face à Thurman, le producteur serait passé de la surprise à la honte. Vendredi 2 février 2018, il aurait confirmé s’être excusé et a plaidé l’incompréhension. “Sa thérapie fonctionne” ironise-t-elle. Ce qui n’empêche pas les représentants de l’ancien producteur de se servir de vieilles photos de l’actrice et de son bourreau pour discréditer sa parole.
Quant à Tarantino, il ne sort pas grandi de cette affaire. Il a déjà avoué avoir gardé le silence sur les agissements de son producteur pour préserver sa carrière. Le personnage de la mariée vengeresse de Kill Bill aurait été inspiré de l’expérience douloureuse d’Uma Thurman. Est-ce que Boulevard de la mort (2007) a été inspiré du tournage de Kill Bill ? Déjà qu’on ne rigolait pas beaucoup dans cette interview exclusive, Thurman révèle que Tarantino a été coupable de violences et de négligence. Dans les scènes où l’actrice se fait cracher dessus et étrangler, Tarantino s’est fait le plaisir de remplacer ses partenaires masculins… Mais aussi, alors qu’elle refuse de conduire un véhicule parce que le siège est mal vissée et qu’elle n’est pas cascadeuse, le réalisateur insiste. La voiture s’emballe sous ses mains et percute un arbre. Thurman manque de se briser les genoux et le cou. Le choc est si violent que le pare-brise de la décapotable vole en éclats. Elle mettra des années à récupérer les rushs de la séquence des mains de Tarantino, diffusée aujourd’hui par le New York Times (voir vidéo ci-dessous, sous réserve de votre capacité à visionner des images violentes). Elle dit avoir gardé des séquelles et souffrir encore aujourd’hui. On savait Tarantino plus fétichiste du pied qu’humaniste du coeur. Mais par ses films, il avait réussi à rendre “la violence joyeuse” (pour reprendre les termes dans lesquels s’est adressé à lui feu Jean Rochefort) et passer pour un mec cool, fédérateur, parce que “we love making movies !”. A cause de l’affaire Weinstein qui a éclaté en octobre 2017, et par ces déclarations de son ancienne muse, l’image de Tarantino risque d’être sacrément écornée, et ce n’est pas son prochain film sur le tueur Charles Manson, dans lequel Roman Polanski pourrait jouer un rôle-clé (son épouse Sharon Tate a été la victime la plus célèbre de la secte de Manson), qui va arranger les choses. L’article complet du New York Times (en Anglais).
Vidéo extraite de l’article du NYT, issue des rushs de Kill Bill (sans le son).