Film transnational dramatique teinté de science-fiction, Realive rassemble à peu près tous les arguments contre les technologies qui voudraient nous donner plus de vie après la mort.
Tout va très bien pour Marc (Tom Hugues). Si ce n’est qu’il ne lui reste quelques mois à vivre avant de succomber d’une maladie incurable. Cette fin de vie il la transforme en feu d’artifices en organisant une soirée pour sa dernière journée parmi les vivants. Marc a choisi non pas de mourir mais de se faire congeler le temps qu’on trouve un remède à sa maladie. Soixante-ans plus tard, il revit. Et cette résurrection est plutôt intéressante, car la société a bien évolué, et il trouve à son chevet la charmante Elizabeth (Charlotte Le Bon), qui lui explique que s’il veut, il peut avoir des relations sexuelles avec elle, en toute liberté et sans tabou. C’est comme ça dans le futur, on vieillit plus lentement et la sexualité est open bar. Mais voilà que Marc est pris de violents accès de nostalgie pour sa vie d’avant, son époque, ses amis, les souvenirs qui persistent. Par ailleurs, il est maintenu en vie grâce à une machine à laquelle il est connecté par un cordon ombilical en quasi-permanence. Pour couronner le tout, il se rend compte qu’il est un parmi de nombreux cobayes d’une expérience de transhumanisme. Le transhumanisme, c’est ce à quoi rêvent les actuels maîtres du monde technologique : pour eux, demain, le plus rapidement possible, la mort ne sera qu’un souvenir. Ils en auront les moyens, s’imaginent-ils. Comment alors renoncer à la vie dans un monde qui veut ignorer la mort ?
Si la technologie a les limites qu’on lui connaît, sans cesse repoussées, il demeure une constante ignorée dans la pensée transhumaniste : la personne humaine. Cette personne humaine condamnée à l’immortalité, la littérature et le cinéma de science-fiction ont essayé d’en faire le tour ces cent dernières années, voire plus. L’immortalité est un thème qui ne date pas d’hier. C’est d’ailleurs plutôt un roman fantastique de la fin du 20e siècle, Entretien avec un vampire d’Ann Rice, qui a bien décrit les affres de la durée. Il y a cette nostalgie de l’époque passée qui s’incruste en nous et ensuite l’impossibilité de changer, de s’adapter à celle qui est et celles à venir. C’est le souvenir de sa vie précédente qui tue le personnage principal de Realive. Les autres, ses nouveaux contemporains, assistent émerveillés à sa résurrection, espérant la leur, et lui interdisant par là même le droit fondamental de ne plus vivre. Salauds de riches.
Realive. Réalisation et scénario : Mateo Gil. Interprétation : Tom Hughes, Charlotte Le Bon, Oona Chaplin. Photographie : Pau Esteve Virda. Montage : Guillermo de la Cal. Musique : Lucas Vidal. Espagne / Belgique / France, 2016. Sortie française : NC.