Le réalisateur et scénariste Taylor Sheridan aborde un sujet oublié à travers un polar plus amer qu’indien.
Wind River est le nom d’une réserve indienne perdue dans le grand nord du Wyoming. Ici il n’y que la « neige et le silence ». Cory Lambert est pisteur, divorcé d’une belle amérindienne après la perte de leur premier enfant, une fille. Engagé pour traquer un puma, il découvre dans la forêt le cadavre d’une jeune femme. Le gouvernement fédéral, à savoir le FBI, envoie une jeune recrue qui se confronte à l’hostilité des hommes et du milieu naturel. Tous deux vont faire équipe pour résoudre ce crime à la fois tribal et colonial.
Polar froid et sobre rondement mené (prix de la mise en scène à Cannes), Wind River est aussi un prétexte pour raconter le sort des amérindiens contemporains parqués dans leurs réserves. Il nous montre la déchéance de la jeunesse, les vieilles générations dont la mémoire se perd, et ces femmes qui disparaissent, ou se font violer, phénomène qualifié d’ « angle mort » de la société canadienne et américaine. C’est la destruction de la communauté indienne et son abandon qui sont ici montrés. Ce n’est pas un détail si l’enquête est confié à un duo de cinéma qu’on a déjà vu dans la superproduction Avengers (Elizabeth Olsen et Jeremy Renner), soit une jeune débutante parachutée par hasard dans la région – pour signifier le mépris des autorités – et un « visage pâle » fortement attaché aux indiens – pour figurer le complexe de culpabilité américain. Tandis que les amérindiens ont été spolié de leurs terres, de leur identité et de leurs droits, la nature reprend les siens à la toute fin du film.
Wind River. Scénario et réalisation : Taylor Sheridan. Interprétation : Jeremy Renner, Elizabeth Olsen, Julia Jones. Photographie : Ben Richardson. Musique : Nick Cave, Warren Ellis. Montage : Gary Roach. Etats-Unis, 2017. Sortie française : 30 août 2017.