Le mot est issu de la seconde guerre mondiale et il a subi une étonnante dérive sémantique en étant récupéré par l’industrie cinématographique américaine.
Un blockbuster c’est littéralement une bombe destinée à détruire (to bust) un quartier tout entier (block). Le terme a été inventé vraisemblablement par les militaires de la Royal Air Force. Au cinéma, un blockbuster désignait la même chose à l’époque où les multiplexes n’existaient pas encore. En effet, comme on dit en français d’une œuvre d’art que c’est une « tuerie », le blockbuster est le film qui va faire exploser les chiffres du cinéma de quartier.
Puis un été 1975, Steven Spielberg délivre au public ses Dents de la mer (Jaws). Un succès inattendu pour un budget relativement faible. La notion de blockbuster devient indissociable de la saison estivale. Le terme désigne alors un film à sensations programmé pour divertir et réussir, c’est à dire à casser le box-office, toujours cette notion de destruction. Aujourd’hui, en 2017, le mot a légèrement changé de sens. Un blockbuster est un film à gros budget, généralement bourré d’effets spéciaux, destiné à réaliser un certain chiffre d’affaires. Là où autrefois on attendait le succès pour dire « ce film est un blockbuster », le terme décrit simplement une grosse machine américaine non seulement prévue pour faire de l’argent, mais également assurée d’en gagner quelque soit ses qualités artistiques. Puisqu’en réunissant un casting de stars, un réalisateur aux ordres et des effets spéciaux époustouflants, chacun de ces blockbusters, s’il ne casse pas la baraque, finit toujours par rentrer dans ses frais. Pour cause, le marketing et la promo qui l’accompagnent, eux aussi, font partie d’une véritable stratégie militaire qui vise à conquérir les salles.