Les deux acteurs se sont fait remarquer l’un en prenant position en faveur des gays, l’autre par un plaidoyer pour les droits des Afro-Américains.
Jesse Einseberg est connu pour son interprétation de Mark Zuckerberg dans The Social Network (David Fincher, 2010) et plus récemment pour celle du méchant Lex Luthor dans le dernier Batman v. Superman (Zack Snyder, 2016). De passage à Londres où il joue une comédie de boulevard, il est confronté à une manifestation de bigots chrétiens contre la gay pride. On le voit dans la vidéo filmée par Urban Pictures UK, passant devant le groupe de manifestants qui affichent des versets de la Bible tout en tenant un discours sur « un dieu d’amour » et « de justice ». Une justice qui punit sévèrement ceux qui ne suivent pas « ses lois », en particulier les homosexuels. Un activiste lui tend un tract qu’il refuse. « Vous avez l’esprit fermé ? » lui lance le militant anti-gay. La réponse de l’acteur est celle d’un jeune homme sur le vif : « C’est d’une tristesse. Vous êtes complètement niqués de la tête ».
Plus élaboré, le discours de Jesse Williams était chargé d’une émotion qu’on a pu lire dans ses yeux samedi dernier. Remarqué pour ses rôles dans Grey’s Anatomy et New York, Police Judiciaire, Williams a pris la parole aux BET Awards. La cérémonie annuelle organisée par la chaîne Black Entertainment Television récompense depuis 2001 les meilleurs artistes Noirs américains et « autres minorités ». « Le fardeau des opprimés n’est pas de consoler le spectateur, a-t-il commencé. Si vous voulez critiquer la résistance, notre résistance, alors vous feriez bien de critiquer aussi notre oppression. Si vous n’êtes pas intéressés par l’égalité des droits pour les Noirs, alors ne faites pas de suggestions à ceux qui le sont. (…) Nous en avons assez d’être passifs et d’attendre, tandis que cette invention appelée « blancheur » use et abuse de nous, nous enterrant loin des yeux et de l’esprit en même temps qu’elle extrait notre culture, nos dollars, notre divertissement, comme du pétrole, l’or Noir… Elle ghettoïse et dévalorise nos créations, volant et embourgeoisant notre génie, et s’habille de nous comme elle porterait un déguisement, avant de jeter nos corps comme l’écorce de fruits étranges ». Jesse Williams fait référence au mouvement #BlackLivesMatter (contrecarré par le hashtag #AllLivesMatter, ie. « les vies noires comptent » vs. « toutes les vies comptent ») ainsi qu’à la chanson de Billie Holiday « Strange Fruit » dont le titre désigne les corps pendus des Noirs américains dans les années 30. L’acteur qui venait de recevoir un prix pour son engagement social et humanitaire a conclu devant un public majoritairement Afro-Américain : « ce n’est pas parce que nous sommes magiques que nous ne sommes pas réels ».