JeruZalem : l’apocalypse vue à travers les Google Glass
On 22 mai 2016 by rachidouadah
Un film d’horreur israélien, c’est si rare qu’on ne peut en faire l’économie, même s’il est tourné en found footage.
Un film d’horreur israélien dites-vous ? Pourtant, on en voit assez des images horribles qui viennent de cette région du monde, aux actualités. Alors quel « frisson » peut apporter en plus une fiction tournée à Jérusalem, la ville qui rend fou juifs, musulmans et chrétiens ? On suit trois touristes américains qui vont être témoin de la fin du monde. Car cette nuit de yom kippour, la porte de l’enfer s’ouvre sur les habitants, sans discrimination de religion ou de couleur de peau. Cette apocalypse n’arrive pas avec des zombies comme le laisse penser faussement le titre, mais en transformant les êtres humains en monstres ailés.
La seule originalité du film c’est la paire de lunettes connectées qui affiche à l’écran des notifications et reconnaît les visages même après la mort. Sauf que JeruZalem arrive 20 ans après Le Projet Blair Witch, à l’heure où le style found footage est devenu un lieu commun. Une fois que les frères Paz, les deux réalisateurs, ont justifié la forme de leur histoire (l’héroïne se fait voler ses lunettes ordinaires et se voit alors obligée de porter les glass tout au long de l’aventure), le film est condamné à suivre les règles formelles du genre. La vraie star, c’est la ville sainte elle-même, filmée souvent sans autorisation. On met de côté la vision masculine de la sexualité des jeunes femmes qui nous sont présentées comme superficielles et idiotes. JeruZalem c’est un peu le Cloverfield israélien, avec trois fois moins de budget, et des allusions au conflit local en plus (aucun acteur ou technicien arabe n’a été blessé pendant le tournage puisque la production n’en a employé aucun). Pourtant distingué au festival de Gerardmer 2015 par un prix du jury, JeruZalem a tout juste le niveau pour être distribué par M6 Video.
JeruZalem de Doron et Yoav Paz. Interprétation : Yael Grobglas, Yon Tumarkin, Danielle Jadelin. Photographie : Rotem Yaron. Israël, 2015.