Ce que fait internet à notre cerveau

Oui, internet est en train de modifier notre manière de penser et même l’organisation de notre cerveau. Un tweet suffirait à résumer la conclusion de Nicholas Carr. Mais 140 caractères ne suffisent pas à approfondir, ou à prouver son bien-fondé. Et puis, le temps d’en faire un tweet, on ira vérifier notre compte Facebook, notre Gmail et sa boite à outils, le compte en banque, une vidéo marrante, et trois notifications sur Snaptechat (Snapchat) où nous surveillons nos ados, et une recherche sur la bio de l’auteur. La preuve est faite tous les jours : le net bouleverse notre capacité d’attention.

Il nous est devenu plus difficile de nous concentrer sur une tâche unique, comme lire un livre ou parler à un être humain. Nous sommes dispersés. « Etre partout, c’est être nulle part » annonce l’auteur, pendant que nous regardons défiler le journal de nos réseaux sociaux et passons des journées à cliquer, pour finir avec un sentiment de devoir inaccompli sinon envers Google et Facebook. Pour soutenir son propos, Carr raconte la révolution industrielle, mais aussi l’arrivée des calculatrices, la venue du livre, celle de l’alphabet, la lecture dite « profonde », Gutenberg et l’apparition des premiers enregistreurs. Chaque innovation technologique autour de l’information amène avec elle une peur de perdre quelque chose d’humain : la mémoire essentiellement. Internet morcèle cette mémoire en nous faisons en quelque sorte « dévoluer ». Les multiples sollicitations du médias nous font reculer vers des réflexes de cueilleurs-chasseurs au mieux, vers ceux d’animaux dont l’attention n’est captée que par l’instant présent. Alors que les générations qui ont suivi se sont sédentarisées pour devenir des agriculteurs par exemple. Durant plusieurs siècles, l’écriture se cultivait pour conserver le savoir. Internet fait, dans l’ensemble du temps, exactement l’inverse : nous retournons cueillir et chasser de l’information, sans vraiment en retenir l’essence. Notons que l’éditeur Laffont n’a pu s’empêcher d’imposer un titre français provocateur comme une pièce des Grands Boulevards. Le titre original étant « Ce qu’internet fait à notre cerveau ». Ed. Robert Laffont, 2011.


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