Civilization Beyond Earth : un petit pas en arrière pour le gaming

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Depuis la première édition de Civilization en 1991 jusqu’à fin 2014, rien n’a changé fondamentalement dans le concept ou le gameplay. Une véritable déception.

Pour cette première critique de jeu sur motionXmedia nous avons choisi un titre récent développé pour PC, Mac et Linux. En même temps, ce jeu récent on l’a voulu très old school, moins par nostalgie que par curiosité de voir comment un concept créé en 1991 a évolué en 25 ans. Qu’est-ce qu’on peut bien faire de nos jours avec ces machines surpuissantes dont certaines coûtent la peau des fesses ? Alors, arrêtez tout. Le temps qu’un être humain naisse, se développe, apprenne à parler, à lire, écrire, fasse des études, devienne un homme ou une femme en âge de toucher le RSA ou de faire le jihad… et bien tout ce temps là, rien n’a changé dans Civilization. Le jeu Beyond Earth qui en est le dernier avatar reprend le concept de Civilization V (2010) qui lui même prolongeait celui de l’original. Oubliez tout ce qui a pu être dit sur la stratégie ou l’intelligence artificielle, nous avons affaire ici à un jeu mécanique et répétitif à peine rehaussé par ses graphisme 3D rudimentaires.

Le pitch pour faire bref : après une longue intro cinématique qui laisse espérer une épaisseur du contenu narratif, on voit des colons venus d’une Terre mourante (et alors ?) s’installer sur une planète habitable et inévitablement en venir aux mains pour être celui qui aura la plus grosse culture, la plus grosse technologie, armée, le plus gros territoire, etc. C’est une totale resucée du déjà incohérent Civilization V, les développeurs se sont simplement contentés de changer le vocabulaire, les graphismes, les décors, et de complexifier les choix « stratégiques » soi-disant, dans le but de créer de la profondeur de jeu. On se retrouve alors à cliquer infiniment sur telle ou telle option, après chaque tour de jeu, en privilégiant l’agronomie sur le militaire par exemple, allant d’innovation en innovation et cela dans quel but ? La suprématie, quelque soit la voie empruntée. Ca se finit toujours par celui qui écrasera l’autre. C’est même le seul enseignement du jeu : les conditions sont telles qu’on finit par faire parler la poudre et l’atomique plutôt que la négociation et la coopération, par plaisir parfois, par calcul, par vengeance. Humain, trop humain ? Comme à son prédécesseur, on peut reprocher à ce Beyond Earth d’être trop imprégné de la notion de civilisation selon ses créateurs américains. En quelque sorte, Civilization n’est jamais plus qu’une version à peine intello de Street Fighter. La seule innovation arrivée ces 25 dernières années, c’est la mobilité. Grâce aux tablettes et smartphones, on peut binge-jouer à des versions déclinées de Civilization sous la forme des jeux dits de tower defense où il s’agit pêle-mêle de développer/défendre une ferme/un domaine contre des zombies/des herbes folles/des guerriers, et d’acheter contre de vrais Euros des armes et options virtuelles, ad vitam aeternam.

 Civilization : Beyond Earth, de Will Mille et David McDonough. Firaxis Games. Etats-Unis, 2014.


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