La nouvelle vague algérienne entre flux et reflux sanguin
On 9 avril 2012 by rachidouadahUne cinéma différent émerge doucement en Algérie comme un signe de changement. Voyons ce que cette « nouvelle vague » a de nouveau et plus précisément, ce qu’elle a de vague.
Le Quotidien des Automates de Abdelghani Raoui
Trois grandes enseignes culturelles ont organisé une rencontre autour du cinéma algérien, à Paris,en mars dernier. Ce fut l’occasion de découvrir trois courts-métrages du pays des oranges amères. Alger moins que zéro de Lamine Ammar-Khodja est un documentaire improvisé dans une cave à Alger. Des jeunes boivent, fument, et délirent sur leur condition ou plutôt l’absence de condition. Le langage est crû, la salle est partagée entre gloussements et écoeurement. Le quotidien des automates de Abdleghani Raoui, est lui aussi d’une facture inhabituelle pour ce côté de la méditerranée. En stop-motion on suit la journée surréaliste d’un jeune bloqué chez lui et confronté à un alter-ego menaçant. Enfin, le court-métrage de Sofia Djama, Mollement, un samedi matin, décrit une histoire de viol qui tourne mou, métaphore d’un pays arrêté dans ses idées comme dans ses élans.
Un Etat absent et trop présent
Pour Sofia Djama on ne peut pas parler de renouvellement du cinéma en Algérie sans d’abord repenser tout le système, de l’école d’art à la salle de projection. L’Etat doit subventionner la création et le ticket d’entrée d’un spectateur terrassé par la crise économique. Et en même temps, il doit donner les rennes aux artistes et acteurs de la culture. Le documentariste Malik Bensmaïl (La Chine est encore loin) lui emboîte le pas : « il y a toute une génération de fonctionnaires qui doit disparaître pour laisser la place ». Car l’urgence est de faire ses propres images. C’est un peu comme ça que chaque peuple se construit, par « la fiction qui puise dans le réel ». Et justement, ces cinéastes, qu’ils soient produits par le CNC, par son équivalent algérien, ou improvisés, se caractérisent tous par leur parole libre et critique, inhabituelle même (surtout ?) dans le cinéma français. (…)
Retrouvez cet article en version intégrale dans Zelium, et prochainement sur motionmedia.fr.