The Innocents

The Innocents : sa majesté des mioches

Pour son second long-métrage, Eskil Vogt s’intéresse à l’apprentissage du bien et du mal chez des enfants particuliers, dans une banale banlieue norvégienne.

Un été, quatre enfants se découvrent d’étonnants pouvoirs et jouent à tester leurs limites, loin du regard des adultes. Mais ce qui semblait être un jeu d’enfants prend peu à peu une tournure inquiétante. On peut croire, en lisant le synopsis, que The Innocents va évoquer les pouvoirs de super-héros en culotte courte. Mais ce n’est qu’un aspect secondaire de l’œuvre d’Eskil Vogt. Ce film est avant tout une invitation à se remémorer l’enfance.

La notion de « pouvoir » étant quelque peu galvaudée dans l’ère post-MCU (l’univers cinématographique de Marvel), il est préférable de divulguer que The Innocents emprunte plus aux super-héros de Night Shyamalan qu’à ceux de Kevin Feige. Et bien que les pouvoirs grandissants des protagonistes, notamment ceux du jeune « super-vilain » sont un ressort efficace de la tension et du suspens, ce ne sont pas ces pouvoirs qui feront peur aux spectateurs. The Innocents n’est pas le genre de film d’horreur à faire sursauter le spectateur à coups de jump scares ou avec une bande-son grinçante. En revanche, il est susceptible de terrifier les jeunes parents, qui tremblent déjà quand leur progéniture saisit le couteau à beurre. Ceux-là vont se cramponner à leur fauteuil en fermant les yeux, horrifiés, pour ne pas voir ce que des enfants peuvent faire lorsqu’ils possèdent le pouvoir.

Bien et mal

En effet, non content d’avoir choisi le point de vue des enfants, plutôt que celui des adultes (comme c’était le cas dans Les Innocents de Jack Clayton, sorti en 1961), Vogt choisit aussi de présenter ses personnages juste avant qu’ils ne découvrent et appréhendent leur sens moral. Lorsqu’ils commencent à expérimenter les notions de bien et de mal, totalement étrangères jusqu’alors.

Ce sens moral, ils doivent le trouver en chacun d’eux, le confronter à ceux de leurs camarades, et on se surprend à l’espérer le souffle haletant. C’est ce combat qui est important et c’est notre impuissance de parent devant ce spectacle, qui est terrifiante. En dernier lieu, saluons la performance de Kjersti Paulsen, directrice du  casting. C’est elle qui a déniché les trois talents parmi les jeunes interprètes. Un choix tellement important que, selon les mots du réalisateur, ils ont forcé la production à adapter le genre ou l’origine ethnique des protagonistes.

The Innocents. Scénario et réalisation : Eskil Vogt . Photographie : Sturla Brandth Grøvlen. Musique : Pessi Levanto. Montage : Jens Christian Fodstad. Interprétation : Rakel Lenora Fløttum, Alva Brynsmo Ramstad, Sam Ashraf. Etats-Unis/Suède/Norvège/Pays-Bas/Finland, 2021. Sortie française le 9 février 2022.

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